La tâche herculéenne d’intéresser au sujet des langues officielles : alignement des planètes en vue? Bousculons donc un peu, beaucoup, passionnément!
Vous êtes-vous déjà demandés si amener le sujet des langues officielles dans une discussion de salon vous rendrait aussi impopulaire qu’amener celui des affaires indiennes, ou encore un traité autochtone? Pire encore: amener celui d’une consultation gouvernementale sur de telles lois en plein été! Maladresse ultime: amener celui du manque de couverture de la consultation par les médias!
Que vous soyez franco, anglo, allo, néo, première nation ou le tout bien mélangé, le sujet n’intéressera pas dans la “réserve” ou hors-réserve, point à la ligne. Allez donc voir ailleurs si j’y suis. Alors ne vous étonnez pas si l’attention se porte vers le pain et les JOs. Et maintenant les élections québécoises pour le reste de l’été, un bon roman-savon quoi! Plus au sud, une farce pour bien distraire est au programme. La démocratie s’y porterait apparemment mal.
Il ne faut pas s’étonner non plus si les partis politiques québécois et médias ne portent pas attention à la consultation ayant court. Ni dans le Reste du Canada (RdC) anglais. Même si le sujet pan-canadien de la langue demeure brûlant, e.g. loi-101, et que les québécois devront un jour composer avec la “dualité”, souverain ou pas. Même si le “hors-Québec” a appris certaines leçons en matière de mondialisation anglo-saxonne, aka le “tout-à-l’anglais”. Et maintenant Montréal, la Gatineau, le plan Nord, etc. Entretenir la polémique du crucifix est suffisant à ce moment-ci pour alimenter les cotes de cliquage du média, le messie étant toujours espéré et brûlant plus vivement en ces temps incertains. Le feu des médias s’est en effet porté un peu trop près sur cette filature policière.
Pendant ce temps, nos camarades anglophones sont en train de réaliser que le Québec retournera un gouvernement souverainiste lors de la “rentrée” . Et que le troisième référendum se pointe à l’horizon. Yikes un autre love rallye, où il est le Grand Sauveur après ce 49.8%, le Nailbiter? What do you mean then, la consultation aux langues officielles? Is this not a done deal, why are you still bothering me? Les francos ne sont-ils pas capables de régler leurs problèmes? Ne sont-ils pas tous bilingues anyway?
Reconnaissons d’abord que personne n’a *véritablement* porté attention aux langues officielles, anglo ou franco, depuis maintenant une éternité. Tel un traité autochtone ayant évacué toute sa population outre quelques “chefs”, négociateurs, experts, avocats, agents de liaison, commissaires et autres figurants folklorisés, le sujet reste lourd. Vraiment lourd. Pas dans mon salon SVP, la vie est courte, ma bulle, confortable malgré tout.
On devrait néanmoins savoir ce qui arrive quand une institution tombe en déclin, qu’aucun média ne suit parce que le public n’est vraiment pas dans sa zone de confort, que “Enquête” en a plein les bras et que le gouvernement conservateur sabote de l’intérieur de toutes façons sans même avoir à compléter sa coupe à blanc.
Imaginez maintenant des allocations financières de plus de 1.1 milliard de $ sur 5 ans. Parmi autres, considérez les manœuvres financières possibles avec 22.5 millions de “coopération gouvernementale”, 28 millions pour les “avantages économiques” et 33.0 millions à la “gouvernance efficace”. La vérificatrice générale de renom reconnaissait en fin de mandat avoir été incapable d’y voir clair. En bout de ligne, les chicanes interminables d’une tour de Babelle, des retraits stratégiques en progression, des taux d’assimilation dont on ne parlera point, ainsi que des essoufflements notables dont ceux des chiens de garde de notre démocratie! Toutes les classes dynamiques de la société passent sous le rouleau-compresseur de l’assimilation: jeunes, entrepreneurs, créateurs et nouveaux arrivants. Les branchés se débranchent et passent similairement à l’anglais. L’aile “réformiste” du parti est absolument ravi!
Le dernier éditorialiste qui porte attention demande “Veut-on vraiment consulter” au risque d’offusquer son employeur, se fait ignorer et ne récidivera pas. L’illustre récipiendaire journaliste de l’Ordre du Canada au Toronto Star s’en lave les mains. Le seul franco qui répond y va de “Oui ils veulent consulter. Mais pas là où la rondelle va. Seulement là où elle était jadis”. Il ajoute “Veut-on vraiment couvrir?” Loin ailleurs post “Grateful Dead” et “Electronic Frontier Foundation”, John Perry Barlow lui répond en gazouillant : “I used to say that perception is reality. Now, I fear, deception is reality.”
Mais qu’y-a-t-il vraiment à couvrir lorsque la rencontre de “consultation” en devient une de mélange des genres de mauvais goût. Les dernières subventions sont annoncées. Les seuls groupes invités en sont les bénéficiaires. Les échanges sont polis, les voix discordantes gardées à l’écart. Le format de rencontre consisterait à parler de “défis” et de “réussites”, vraisemblablement en appui au script usé de la prochaine demande de subvention. Le journal local s’en voit remettre une et un gentil publi-reportage s’en suit. Yawn, peu à couvrir en effet. Plutôt franchement embarrassant à couvrir. Et on se demande pourquoi nos journaux ont de la difficulté à “rejoindre” leur lectorat. C’est quoi donc cette polémique de crucifix? Peut-on rester léger et tenir plutôt une dégustation de tomates en onde, à défaut de pouvoir poliment en tirer? Ailleurs, un festival de danse à claquette génère plus de couverture web que la visite du Ministre responsable pour ces dites consultations. Le webzine TaGueule préfère rester coi, le non-dit parlant fort. Un moteur de recherche lancé sur “Consultations” avec tri chrono retourne passablement bredouille sur les deux sites du diffuseur public. Mieux vaut ne pas laisser de trace, l’Histoire se réécrit après tout. La promenade de l’Outaouais qu’on rebaptise maintenant à John A Macdonald.
A la suite d’une de ces rencontres, le Ministre parle des priorités de la santé et de l’éducation, deux compétences provinciales en “dévolution” représentées par les groupes pré-choisis pour la rencontre. L’autre groupe étant celui du journal local. On nous rappelle maintenant que Patrimoine canadien désire vraiment “consulter” le citoyen. Quelques figurants renchérissent en ajoutant que l’été est un moment propice de réflexion. Cela après que le gouvernement conservateur se soit fait dire au printemps qu’il enfreignait la loi des langues officielles en ne tenant pas cette consultation. Moment propice de réflexion en effet sur les non-dits, la pensée unique et l’absence totale de voix de discordance. Après le diner des cons, le bal des cons, voici maintenant la consultation des cons #LOcons.
Le préambule parlait d’une “nouvelle stratégie des langues officielles”. Soit. On nous dit “Ne laissez personne décider pour vous. Prenez la parole.”, cela avant le rappel de l’organisme porte-parole sur les priorités de l’émigration, de la justice et de la santé. Un message simple nous a été apparemment envoyé sur quoi faire. Pas besoin vraiment d’animation et d’échange sur les médias sociaux, les courriels, les journaux et les communiqués des organismes de regroupement suffisent. Pas besoin non plus de savoir ce qui se passe dans les autres provinces. On le sait: les mêmes actions produce the same results. La zone de confort doit bien plaire.
Comme si le problème absolument fondamental de communication de base n’était pas à résoudre avant même de penser pouvoir avancer. Impossible par exemple de savoir combien de ses concitoyens ont réussi à se motiver à participer. Ou si “l’Entente de collaboration” qui finance en grande partie les activités de l’organisme fédératif provincial a déjà été coupée avant même que la consultation actuelle ait commencé. Embarrassant à couvrir en effet.
On penserait que cette mauvaise farce a assez duré. Que le party est quasiment terminé, que l’été tire à sa fin et qu’il est à peu près temps de porter attention. Peut-être que certains verront maintenant cet alignement possible des planètes, le show must-il go on? Espérons un love rallye plus près de chez nous cette fois-ci. Qu’il fait bon rêver. Bonne rentrée entk.